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Perturbation numérique : ressemble à un énième mot à la mode, jusqu’à ce que cela se produise (2e partie)

Roland Alston, Appian
April 11, 2019

<figure class="wp-caption alignleft" id="attachment_36380" style="width: 250px"><a href="https://assets.appian.com/uploads/assets/sites/4/2019/04/michael-wade.jpg"><img alt="" class="size-full wp-image-36380" height="274" src="https://assets.appian.com/uploads/assets/sites/4/2019/04/michael-wade.jpg" width="250"/></a><figcaption>Mike Wade, professeur d’innovation et de stratégie à l’IMD, Lausanne, Suisse</figcaption></figure>

<span dir="ltr">(<em>Il s’agit de la dernière section de notre série en deux parties mettant en vedette Mike Wade <a href="https://twitter.com/mwade100?lang=en">@mwade100</a>, auteur de </em></span><a href="https://www.amazon.com/Digital-Vortex-Leaders-Disruptive-Competitors-ebook/dp/B01I0H39ES/ref=pd_sbs_0_1/146-3787618-9525057?_encoding=UTF8&amp;pd_rd_i=B01I0H39ES&amp;pd_rd_r=e6e6e5cc-5186-11e9-82fb-67a76e1e863e&amp;pd_rd_w=Uhs7H&amp;pd_rd_wg=oZGhq&amp;pf_rd_p=588939de-d3f8-42f1-a3d8-d556eae5797d&amp;pf_rd_r=0XCAJSS18BJG347PHVA5&amp;psc=1&amp;refRID=0XCAJSS18BJG347PHVA5">Digital Vortex: How Today’s Market Leaders Can Beat Disruptive Competitors at Their Own Game</a> et <a href="https://www.amazon.com/Orchestrating-Transformation-Performance-Connected-Approach-ebook/dp/B07NZ6M43Z/ref=pd_cp_351_1?pd_rd_w=qUCSM&amp;pf_rd_p=ef4dc990-a9ca-4945-ae0b-f8d549198ed6&amp;pf_rd_r=32Q51PXDK8TWRNW344H0&amp;pd_rd_r=83a56567-517c-11e9-96e1-e756ded22bd2&amp;pd_rd_wg=wT9X5&amp;pd_rd_i=B07NZ6M43Z&amp;psc=1&amp;refRID=32Q51PXDK8TWRNW344H0">Orchestrating Transformation.</a> <span dir="ltr"><em>Vous pouvez lire la première partie en cliquant <a href="https://www.appian.com/blog-fr/digital-disruption-sounds-like-just-another-buzzword-until-it-happens-to-your-company-part-1/">ici</a></em>.)</span>

Dans cet épisode, <span dir="ltr">Wade révèle ce qu’il faut pour que les entreprises prospères le deviennent encore plus. Tout commence par la mise en place d’une certaine agilité pour anticiper les menaces, exploiter les opportunités et tirer profit de la perturbation avant vos rivaux.</span>

L’Internet regorge d’histoires sur les perturbations numériques qui bouleversent les entreprises existantes et remodèlent les marchés plus rapidement que quiconque ne l’imaginait. Cela est dû au caractère incessant des perturbations. Elles sont tellement incessantes que les <strong>cadres supérieurs pensent qu’environ 40 % des entreprises existantes dans 12 industries seront évincées par les perturbations numériques d’ici 2020.</strong>

C’est ce que précise une récente étude réalisée par le Global Center for Digital Business Transformation (DBT, centre global pour la transformation numérique des entreprises), mais voilà la réalité. Bien que les cadres dirigeants perçoivent les perturbations numériques comme une menace existentielle, les perturbations n’ont pas été considérées comme une priorité pour environ 45 % des entreprises interrogées par DBT.

« Nous avons remarqué que les dirigeants faisaient preuve d’indifférence, et ce, même dans les industries les plus vulnérables comme l’industrie hôtelière/du voyage et des télécommunications qui sont ébranlées par les perturbations depuis plus d’une décennie » déclare Mike Wade, directeur de DBT et professeur d’innovation et de stratégie à IMD, une école de commerce indépendante située à Lausanne, en Suisse. Autre enseignement à tirer de l’étude réalisée par DBT :

<ul>

<li>43 % des entreprises n’ont pas perçu le risque que les perturbations numériques représentaient ou ne s’y sont pas préparées.</li>

<li>Près d’un tiers des entreprises adoptent une « attitude attentiste ».</li>

<li>La vélocité des perturbations numériques signifie que moins d’un tiers des entreprises réussiront avec une approche de « suiveur ».</li>

<li>Seulement 25 % des entreprises adoptent une approche proactive pour faire face aux perturbations numériques.</li>

</ul>

<h2>Prenez garde au vortex numérique</h2>

Mike Wade déclare : « Il vous faut visualiser les conséquences des perturbations numériques comme s’il s’agissait d’un vortex. Un vortex exerce une force de rotation qui attire en son centre tout ce qui se trouve sur son passage. »

<blockquote>« Le vortex numérique est le mouvement inévitable des industries vers un “ centre numérique “ où les modèles d'entreprises, les offres et les chaînes de valeur sont numérisés dans toute la mesure du possible. »</blockquote>

« À mesure que les entreprises progressent vers le centre du vortex numérique, les éléments qui inhibent l’avantage concurrentiel (comme les processus manuels et sur papier) sont numérisés pour fournir au client de la valeur avec de nouveaux moyens et créer des modèles commerciaux perturbateurs et engendrer une croissance explosive. »

Mais la question fondamentale est la suivante : votre organisation est-elle prête à faire face à la menace existentielle représentée par les perturbations numériques ? Si la réponse est non, il est probablement temps de faire quelque chose pour y remédier.

Dans cet épisode « Les experts du numérique », Wade explique comment améliorer l’agilité pour anticiper les menaces, exploiter les opportunités et tirer profit de la perturbation avant vos rivaux.

Il nous fait également part de l’urgence de contester des hypothèses qui ont fonctionné par le passé et de repenser les façons traditionnelles de donner de la valeur aux clients.

Nous espérons que vous apprécierez cet échange.

<strong>Appian :</strong> Pour revenir sur votre point de vue quant à la façon dont l’IA aura une incidence sur la main-d’œuvre, un débat fait actuellement rage quant à savoir si la révolution numérique va créer plus d’emplois qu’elle ne va en remplacer.  Où vous situez-vous par rapport à ce débat ?

<strong>Mike Wade :</strong> Oui, c’est un débat intéressant. Je pense que les optimistes ont des arguments solides. Si l’on regarde 100 ans en arrière au temps où les deux tiers des emplois étaient, pour la majeure partie, dans l’agriculture et où on disait que dans 100 ans, seulement 6 % des emplois seraient dans le secteur de l’agriculture, on aurait pu s’attendre à un chômage de masse. Néanmoins, cette situation ne s’est pas avérée exacte.

<blockquote>Nous avons remplacé les emplois perdus dans le secteur de l’agriculture par d’autres emplois qui relèvent du travail intellectuel. Par conséquent, on pourrait dire que nous avons toujours réussi à remplacer les emplois obsolètes par d’autres.</blockquote>

https://twitter.com/dbt_center/status/1105203285043097603

<h2>Les machines ne peuvent pas gérer les émotions, mais…</h2>

<strong>Appian :</strong> Pensez-vous que cela pourrait changer avec l’IA et l’apprentissage automatique ?

<strong>Mike Wade :</strong> On pourrait dire qu’il n’y a aucune raison de croire que ce qu’il s’est produit par le passé ne changera pas aujourd’hui. Mais en réalité, je pense que cela va changer. Il existe trois éléments que nous, en tant qu’humains, pouvons faire. Le premier élément est le travail physique. Bien entendu, cette bataille est déjà perdue. De manière générale, nous ne pouvons réaliser un travail physique de manière aussi prévisible que les machines. Nous n’avons pas l’endurance, la force et la précision des machines. Nous avons remplacé bon nombre de ces emplois par des emplois intellectuels, car nous étions plus intelligents que les machines. Néanmoins, étant donné que les machines s’améliorent en matière de travail cognitif, nous allons également perdre ces emplois.

<strong>Appian :</strong> Par conséquent, que nous reste-t-il ?

<strong>Mike Wade :</strong> Je pense qu’il nous reste nos émotions, notre capacité à faire preuve d’empathie et cette sorte de conscience que nous avons par rapport aux machines. Néanmoins, deux éléments qui me préoccupent. Premièrement, il n’y a pas énormément d’emplois qui requièrent de la créativité et une intelligence émotionnelle. Bien sûr, il y en a, mais pas suffisamment pour remplacer les emplois perdus en raison des perturbations du travail cognitif.

Deuxièmement, je ne suis pas entièrement convaincu que les machines ne soient pas capables d’apprendre à gérer les émotions. Je ne vois pas cela comme une barrière qui pourrait les arrêter, notamment avec la rapide évolution des machines intelligentes. C’est pourquoi je me range du côté des pessimistes. Peut-être que c’est parce que je ne peux pas deviner d’où proviendront tous ces nouveaux emplois.

<h2>Clients : « Amazon peut le faire, pourquoi pas vous ? »</h2>

<strong>Appian :</strong> Pour rebondir sur vos observations sur le côté humain des perturbations, parlons à présent de la façon dont les perturbations auront une incidence sur les clients. Comment envisagez-vous la façon dont les perturbations numériques affecteront le comportement des clients et leurs attentes ?

<strong>Mike Wade :</strong> Je pense que les attentes des clients sont en constante évolution, que cela ait un lien avec les perturbations numériques ou non. Si nous nous intéressons à des entreprises comme Google, Facebook, Amazon et Uber, ces dernières ont fait un énorme pas en avant en améliorant l’expérience client et en étant axées sur le client. Je pense également que cette approche a placé la barre très haut pour n’importe quelle autre entreprise. Le niveau (croissant) de services a eu une incidence sur nous, quel que soit le domaine. C’est pourquoi vos clients déclarent aujourd’hui : « Amazon peut le faire, pourquoi pas vous ? »

https://twitter.com/IMD_Bschool/status/1102213543485718529

<h2>Comment les anciennes entreprises peuvent-elles lutter ?</h2>

<strong>Appian :</strong> Pourtant plusieurs de ces grandes entreprises de technologie fournissent un service exceptionnel à perte.

<strong>Mike Wade :</strong> C’est vrai, mais cela signifie surtout qu’elles proposent de meilleurs services à leurs clients. Amazon est un bon exemple.

<strong>Appian :</strong> Avant de conclure, je voulais vous poser une question sur une statistique fort intéressante aperçue sur votre site Internet. Cela disait que les leaders du numérique remplaceraient 40 pour cent des entreprises traditionnelles dans les cinq années à venir. Par conséquent, que peuvent faire les anciennes entreprises pour faire face à ce type de perturbations ?

<strong>Mike Wade :</strong> En effet, le temps moyen d’une entreprise au sein de l’indice S&amp;P 500 est passé de 60 ans à moins de 20 ans. Il y a donc beaucoup de bouleversements et de perturbations au sein des anciennes grandes entreprises. Nous avons consacré beaucoup de temps à y réfléchir, à collecter des données et à procéder à des analyses pour savoir comment les entreprises traditionnelles pouvaient réagir face à ces perturbations.

En ce qui concerne les perturbations, il n’y a aucune raison pour que le perturbateur soit gagnant. En réalité, les anciennes entreprises ont de nombreux avantages. Elles disposent de marques fortes, de bons employés, de relations de longue date avec les clients, de partenaires, de fournisseurs et d’un accès au capital. En règle générale, elles disposent de nombreux éléments que les perturbateurs n’ont pas.

<strong>Appian :</strong> Par conséquent, que doivent-elles faire ?

<strong>Mike Wade :</strong> Elles doivent être plus souples. Nous mettons l’accent (chez DBT) sur l’agilité. La souplesse est un besoin croissant et qui va s’accroître encore davantage au fil du temps pour les entreprises traditionnelles. Elles rencontrent des difficultés dans ce domaine.

<strong>Appian :</strong> Quand vous parlez d’agilité, comment la définissez-vous pour les cadres lambda ?

<h2>Pleine conscience, élément essentiel pour vaincre les perturbations.</h2>

<strong>Mike Wade :</strong> Nous définissons l’agilité non pas comme un élément, mais comme trois éléments. Le premier élément est le suivant : la pleine conscience des opportunités et des menaces émergentes et non pas seulement de l’environnement immédiat. Cela inclut les concurrents des industries voisines qui pourraient entrer sur votre marché. Une grande conscience ou compréhension interne de la réflexion et du discours de vos employés est également nécessaire.

Néanmoins, en avoir conscience n’est pas suffisant. Vous devez agir. Par conséquent, la deuxième composante de l’agilité est la prise de décisions éclairée. Il s’agit de prendre des décisions en se basant sur les informations collectées en pleine conscience. Cela est possible en collaborant et en partageant des informations au sein de l’organisation.  Mais là encore, ce n’est pas suffisant. Prendre une décision est une bonne chose, mais nombreuses sont les entreprises qui prennent des décisions sans que rien ne se passe.

https://twitter.com/IMD_Bschool/status/1097448649242656768

<h2>Le plus grand défi : équilibrer les sources de revenus</h2>

<strong>Appian :</strong> Quelle est la troisième pièce du puzzle ?<strong>Mike Wade :</strong> Une exécution rapide. Il s’agit de rapidement mettre en pratique les décisions prises. Tester et apprendre. Trouver des ressources et les mettre en pratique rapidement là où elles sont nécessaires. Plus vous procéderez de cette façon, plus vous alimenterez votre prise de conscience.  Par conséquent, cet élément du facteur agilité est très important pour les entreprises, afin qu’elles soient à même de faire face aux perturbations.

Mon dernier commentaire est le suivant : les entreprises traditionnelles doivent parvenir à un équilibre délicat entre la gestion de la principale activité (même si cette dernière est en déclin) et l’amélioration de la principale activité en stimulant l’efficacité et la productivité tout en prenant en considération de nouveaux modèles d'entreprises et de nouvelles opportunités et en étant plus perturbatrices.

<strong>Appian :</strong> Comment est-il possible d’équilibrer ces deux éléments ?

<strong>Mike Wade :</strong> Cela peut être délicat. Les nouveaux perturbateurs ne font pas face aux mêmes défis, car ils n’ont pas à se préoccuper pour une ancienne entreprise au contraire des entreprises traditionnelles. Équilibrer les revenus et les sources de profit d’aujourd’hui avec ceux de demain ? Voilà probablement le plus grand défi à relever.

<strong>Appian :</strong> Avant de conclure, dites-nous quelles sont vos attentes pour 2019 et après. Quelles sont, selon vous, les tendances sur lesquelles les directeurs devraient se focaliser ?

<strong>Mike Wade :</strong> Si l’on regarde les technologies sous-jacentes, je pense que certaines d’entre elles sont exagérément médiatisées et d’autres non par rapport à leur potentiel perturbateur. Par exemple, je pense que la blockchain est très intéressante, mais je pense qu’elle est trop médiatisée. Le potentiel perturbateur actuel de la blockchain est extrêmement faible pour la plupart des entreprises. C’est un sujet intéressant, mais je ne le vois pas comme fondamentalement perturbant.

https://youtu.be/eyvC0_gbHIY

<h2>Préparez-vous. Le marché de la technologie a amorcé des corrections</h2>

<strong>Appian :</strong> Qu’en est-il de l’intelligence artificielle ? <strong>Mike Wade :</strong> De son côté, l’intelligence artificielle va catégoriquement perturber la façon dont les entreprises et les industries fonctionnent. Par conséquent, si j’étais une entreprise ou une organisation tentant de comprendre sur quoi se focaliser, je mettrais certainement l’accent sur l’IA. Et nous voyons cela avec des entreprises comme Google lorsque cette dernière était mobile avant tout. Néanmoins, la mobilité n’est plus à l’ordre du jour. Chez Google, il est question d’intelligence artificielle avant tout.

C’est pourquoi je pense que l’IA, l’apprentissage automatique et l’apprentissage profond représentent aujourd’hui la tendance technologique la plus perturbante. De plus, il existe un élément macro-économique important qui pourrait également avoir une forte incidence. Nous devons donc nous rappeler qu’il n’est pas uniquement question de perturbation numérique, mais qu’il existe aussi d’autres tendances qui peuvent déstabiliser le commerce et l’industrie.<strong>Appian :</strong> Une dernière réflexion ?

<strong>Mike Wade :</strong> Je pense, et c’est mon dernier point, que le marché de la technologie est prêt pour un redressement. Je ne pense pas que le marché peut, de manière réaliste, continuer à progresser comme auparavant. Je pense également que ce redressement aura une incidence sur l’économie dans son ensemble. Je crois que ce sera tout.