Perturbation numérique : ressemble à un énième mot à la mode, jusqu'à ce que cela se produise (1re partie)

<figure class="wp-caption alignleft" id="attachment_36380" style="width: 250px"><a href="https://assets.appian.com/uploads/assets/sites/4/2019/04/michael-wade.jpg"><img alt="" class="size-full wp-image-36380" height="274" src="https://assets.appian.com/uploads/assets/sites/4/2019/04/michael-wade.jpg" width="250"/></a><figcaption>Mike Wade, professeur d'innovation et de stratégie à l’IMD, à Lausanne, en Suisse</figcaption></figure>

<em><span dir="ltr">(Il s'agit de la première section d'une série en deux parties mettant en vedette Mike Wade <a href="https://twitter.com/mwade100?lang=en">@mwade100</a>, auteur de </span></em><a href="https://www.amazon.com/Digital-Vortex-Leaders-Disruptive-Competitors-ebook/dp/B01I0H39ES/ref=pd_sbs_0_1/146-3787618-9525057?_encoding=UTF8&amp;pd_rd_i=B01I0H39ES&amp;pd_rd_r=e6e6e5cc-5186-11e9-82fb-67a76e1e863e&amp;pd_rd_w=Uhs7H&amp;pd_rd_wg=oZGhq&amp;pf_rd_p=588939de-d3f8-42f1-a3d8-d556eae5797d&amp;pf_rd_r=0XCAJSS18BJG347PHVA5&amp;psc=1&amp;refRID=0XCAJSS18BJG347PHVA5"><span style="font-weight: 400;">Digital Vortex: How Today’s Market Leaders Can Beat Disruptive Competitors at Their Own Game</span></a> <span style="font-weight: 400;">and</span> <a href="https://www.amazon.com/Orchestrating-Transformation-Performance-Connected-Approach-ebook/dp/B07NZ6M43Z/ref=pd_cp_351_1?pd_rd_w=qUCSM&amp;pf_rd_p=ef4dc990-a9ca-4945-ae0b-f8d549198ed6&amp;pf_rd_r=32Q51PXDK8TWRNW344H0&amp;pd_rd_r=83a56567-517c-11e9-96e1-e756ded22bd2&amp;pd_rd_wg=wT9X5&amp;pd_rd_i=B07NZ6M43Z&amp;psc=1&amp;refRID=32Q51PXDK8TWRNW344H0"><span style="font-weight: 400;">Orchestrating Transformation.</span></a><i><span style="font-weight: 400;"> Dans cette série qui arrive à point nommé, </span></i><em><span dir="ltr">Mike Wade révèle comment faire face à la perturbation numérique et réussir à exécuter une stratégie de transformation numérique.)</span></em>

Internet regorge d'histoires terrifiantes sur la perturbation numérique qui tue les grandes entreprises à la vitesse de l'éclair. L'espérance de vie moyenne d’une entreprise figurant au classement S&amp;P 500 a même chuté de 60 ans dans les années 1950 à moins de 20 ans aujourd’hui, selon le <a href="https://www.cnbc.com/2017/08/24/technology-killing-off-corporations-average-lifespan-of-company-under-20-years.html">Credit Suisse</a>.

Tout, des produits et services à l'ensemble de la chaîne de valeur, est numérisé par des perturbateurs. Pour survivre et prospérer dans cet environnement instable, il faut réussir la transformation numérique, ce qui nous amène à Michael Wade, professeur d'innovation et de stratégie à l’IMD Business School à Lausanne, en Suisse, et directeur du Global Center for Digital Business Transformation de l'IMD.

S'appuyant sur des années de recherche et de nombreuses discussions avec des milliers de cadres supérieurs, M. Wade nous explique pourquoi les approches traditionnelles de la transformation métier ne fonctionnent pas et donne des conseils pragmatiques sur la façon d'améliorer l'agilité pour anticiper les menaces, exploiter les opportunités et profiter de la perturbation numérique avant vos rivaux.

Nous espérons que vous apprécierez cet entretien.

<strong>Appian :</strong> Présentez-nous brièvement l'IMD et le Digital Business Transformation Research Center.

<strong>M. Wade :</strong> L'IMD est une école de commerce basée en Suisse. Dans les écoles de commerce, nous nous concentrons presque exclusivement sur la formation des cadres.  Plusieurs milliers de cadres fréquentent l’école chaque année pour suivre une formation de courte durée en stratégie, marketing et leadership. Je participe donc aux nombreux programmes de transformation numérique qui sont proposés. Je dirige aussi le centre de recherche dont vous avez parlé.

<strong>Appian :</strong> Vous vous êtes entretenu avec des milliers de cadres supérieurs. Que pensent-ils de la perturbation numérique ?  Sont-ils inquiets, sceptiques ?

<strong>M. Wade :</strong> C'est une cible mouvante. Lorsque nous avons fondé notre centre de recherche il y a quatre ans, les cadres étaient curieux et voulaient en savoir plus sur la perturbation numérique. Ils en avaient entendu parler et avaient constaté les effets d'Uber et d'Amazon. Ils voulaient donc en apprendre davantage sur les impacts potentiels sur leurs entreprises, tout en restant prudents. Mais cela a beaucoup changé ces deux dernières années.

https://twitter.com/mwade100/status/1110907087012417543

<strong>Appian :</strong> Comment cela ?

<strong>M. Wade :</strong> Nous n'avons plus à les convaincre que la perturbation numérique est une menace potentielle ou une opportunité. Nous n'avons pas à les persuader qu'ils ont besoin d'opérer une transformation. Ils ne nous posent plus ces questions. Ce qui les préoccupe aujourd'hui, c'est de savoir comment (réussir la transformation).

<strong>Appian :</strong> Donc vous n'êtes pas confronté à un scepticisme important ?

<strong>M. Wade :</strong> Non, ils (les cadres supérieurs) savent qu'ils ont besoin d'opérer une transformation, de changer, de s'adapter et de devenir plus agiles. Ils ne savent simplement pas comment. Ainsi, nombre des questions qu'on nous pose aujourd'hui concernent la mise en œuvre et l'exécution. Et ce sont ces aspects auxquels nous consacrons la plupart de notre temps ces jours-ci, en aidant les cadres à comprendre comment réagir aux opportunités et aux menaces que représente la perturbation numérique.

<h2>De plus en plus de cadres supérieurs considèrent la perturbation numérique</h2>

<strong>Appian :</strong> Il semble que vous constatiez beaucoup moins de scepticisme aujourd'hui que par le passé.

<strong>M. Wade :</strong> Je ne dirais pas que c'est le cas à tous les niveaux. De nombreux cadres sont encore sceptiques et à juste titre, car cela suscite un réel engouement. Les plus perspicaces essaient de comprendre ce que la transformation numérique signifie vraiment pour eux.

<strong>Appian :</strong> Cela m'amène à ma prochaine question. J'ai été fasciné par les arguments que vous avancez dans votre livre « Digital Vortex: How Today’s Market Leaders Can Beat Disruptive Competitors at Their Own Game ».  Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre, et quels enseignements les cadres dirigeants doivent-ils en tirer ?

<strong>M. Wade :</strong> Les recherches comparent les attitudes à l'égard de la perturbation numérique sur une période de deux ans. Et ce que nous constatons du point de vue des résultats, c'est qu'un changement réellement important s'est produit entre 2015 et 2017 concernant les comportements des cadres à l'égard de la perturbation numérique. En 2015, les entreprises n'en ressentaient pas directement les effets, sauf si elles évoluaient dans des secteurs tels que la vente au détail, les médias ou les télécommunications.

Mais en 2017, les choses avaient changé. Parfois, les cadres ressentaient les effets de la perturbation de manière directe et, parfois, de façon périphérique, de sorte que leurs attitudes changeaient. Par exemple, nous avons demandé à des cadres quand ils s'attendaient à ressentir l'impact de la transformation numérique. En 2015, seuls 15 % pensaient que la transformation numérique avait déjà commencé. En seulement deux ans, ce chiffre est passé à 49 %. Ainsi, près de la moitié des cadres pensaient que la transformation numérique était alors en marche. C'est un grand changement.

https://twitter.com/dbt_center/status/1105203285043097603

<strong>Appian :</strong> Qu'est-ce que votre recherche a révélé d'autre ?

<strong>M. Wade :</strong> Nous avons également questionné les cadres sur l'importance de l'impact de la perturbation, et moins d'1% pensait que l'impact serait transformationnel. En 2017, ce nombre est passé à 31 %. En 2015, seuls 23 % des cadres pensaient que l'impact serait mineur. En 2017, ce nombre a chuté à seulement 4 %.

<strong>Appian :</strong> Que pensez-vous de ce changement d'état d'esprit ?

<strong>M. Wade :</strong> Eh bien, je suis convaincu que la perturbation numérique était beaucoup plus médiatisée. Il est difficile de lire un journal ou de surfer sur Internet sans voir une histoire sur la perturbation numérique. Je pense donc que les cadres sont plus « exposés » que jamais à la perturbation numérique. Ils constatent désormais son impact réel.

Revenons en 2015. À l'époque, des secteurs n'étaient pas vraiment touchés par la perturbation, tels que l'industrie pharmaceutique et les sciences de la vie, le secteur automobile, les services énergétiques et l'industrie pétrolière et gazière. Mais aujourd’hui, ces secteurs constatent un impact beaucoup plus important et sont entraînés dans ce que nous appelons le vortex numérique.

<strong>Appian :</strong> Qu'est-ce que le vortex numérique ? Dites-en un peu plus pour les cadres lambda.

<strong>M. Wade :</strong> Le vortex numérique, c'est là où l'impact de la perturbation numérique est le plus important.

https://twitter.com/mwade100/status/748187049014988800

<strong>Appian :</strong> Vous avez également écrit sur la prochaine vague de perturbation. Que voulez-vous dire par là ?

<strong>M. Wade:</strong> Je pense que la première vague de perturbation concernait le produit et la numérisation des produits et services. Je pense que nous assistons à présent à la deuxième vague qui s'apparente plutôt à la numérisation des modèles d'entreprises, des processus et de la chaîne de valeur. Et cette vague a un impact sur toutes les entreprises.

<h2>La partie la plus difficile de l'adaptation : le changement organisationnel</h2>

<strong>Appian</strong> : Et après ?

<strong>Wade :</strong> Je pense que la deuxième vague est plus une menace ou une opportunité globale parce qu'elle a un impact sur tous les secteurs. Et je pense que c'est là que le grand changement s'opère.

<strong>Appian :</strong> Pour rester sur le sujet du grand changement, comment l'essor des technologies émergentes comme l'<a href="https://www.appian.com/platform/artificial-intelligence/">intelligence artificielle</a>, l'apprentissage automatique et la blockchain, par exemple, favorisent-elles le changement dont vous parlez ?

<strong>Mike Wade :</strong> Une chose est sûre, le changement est stimulé à la base par les nouvelles technologies. Certaines sont plus percutantes et perturbatrices que d'autres. Le fait est que les technologies sont à l'origine de la plupart des changements dont nous sommes témoins. Mais la transformation est bien plus qu'une simple technologie.

<strong>Appian :</strong> Comment cela ?

<strong>Wade :</strong> Pour la plupart des entreprises, dans le fond, la partie la plus difficile de la transformation n'est pas les technologies que vous avez mentionnées. Il s'agit de la transformation de l'entreprise, de la structure, du personnel, de la culture, de toutes ces choses qui doivent changer pour s'adapter à une nouvelle réalité. C'est la partie la plus difficile pour les entreprises.

https://youtu.be/wMGaidZAS4k

<strong>Appian :</strong> C’est une très bonne transition pour ma prochaine question. Parlez-nous des impacts humains de la <a href="https://www.appian.com/digital-transformation/">transformation numérique</a> et des conséquences de la perturbation sur les effectifs. Quelle place la transformation des effectifs occupe-t-elle dans le contexte des perturbations numériques ?

<strong>Wade :</strong> Il y aura inévitablement des impacts sur les effectifs aux niveaux macro et micro. Nous assistons à l'essor de la « gig economy », une augmentation considérable du nombre de personnes travaillant en freelance plutôt qu’à temps plein. Nous constatons donc ces types de macro-tendances.

Mais un changement s'opère également au niveau micro. Nous constatons des changements dans la façon dont les gens travaillent, notamment au niveau des méthodes de travail et de l'interaction avec les technologies numériques. Tout le monde ne peut pas opérer ce changement. Ainsi, les entreprises impatientes doivent consacrer beaucoup de temps et d'énergie pour communiquer sur la façon dont les perturbations auront un impact sur l'entreprise. Et les entreprises doivent également penser à aider les employés concernés à se recycler et à se moderniser afin qu’ils puissent continuer à être productifs.

<h2>Ne pas récompenser les comportements complaisants</h2>

<strong>Appian :</strong> Tout cela semble assez évident.

<strong>M. Wade :</strong> Mais j'entends beaucoup de cadres se plaindre de leurs effectifs, affirmant ne pas pouvoir les inciter à changer. C'est peut-être vrai, mais je pense que la faute incombe peut-être plus aux cadres supérieurs qu'aux employés, parce que les directeurs ont mis en place des systèmes organisationnels qui récompensent les comportements complaisants.

<strong>Appian :</strong> Donc, d'un point de vue organisationnel, le changement consiste à mettre en place les incitations appropriées.

<strong>M. Wade :</strong> Oui, si vous voulez vraiment que les employés changent, vous ne devez pas vous contenter de les aider à apprendre les nouvelles compétences dont ils auront besoin à l'avenir. Vous devez également faire en sorte que l'entreprise s'adapte afin que cela incite les employés à changer.

<h2>La perturbation numérique : en progression chez les cols blancs</h2>

<strong>Appian :</strong> Nous avons évoqué l'impact de la technologie sur les cols bleus. Mais comment la perturbation numérique va-t-elle affecter les emplois de cols blancs ? Et pensez-vous qu'il s'agit d'une tendance à court terme ou plus futuriste ?

<strong>M. Wade :</strong> Bonne question. Je pense que des emplois de cols blancs vont être touchés. Comme les machines accomplissent de mieux en mieux les tâches réalisées par les êtres humains, il ne fait aucun doute que cela aura un impact sur les emplois de cols blancs, en particulier compte tenu des progrès réalisés dans le domaine de l'apprentissage profond (les ordinateurs apprennent sans intervention humaine). La perturbation des emplois de cols blancs aura donc lieu et se produira plus vite que jamais.

https://twitter.com/mwade100/status/790562279993532417

Rappelez-vous la révolution industrielle, quand les emplois de cols bleus ont cédé la place aux machines. Il en est de même aujourd'hui avec la révolution de l'intelligence artificielle où celle-ci remplace les emplois de cols blancs. Et pour l'instant, il est difficile de savoir d'où proviendront ces nouveaux emplois.

<strong><em>(<a href="https://www.appian.com/blog-fr/digital-disruption-sounds-like-just-another-buzzword-until-it-happens-to-your-company-part-2/">Rendez-vous la semaine prochaine pour le dernier épisode de notre série en deux parties sur la manière de battre les perturbateurs numériques à leur propre jeu.</a>)</em></strong>