<figure class="wp-caption alignleft" id="attachment_36312" style="width: 175px"><a href="https://assets.appian.com/uploads/assets/sites/4/2019/03/Greg-Satell2.jpg"><img alt="" class="wp-image-36312" height="263" src="https://assets.appian.com/uploads/assets/sites/4/2019/03/Greg-Satell2-200x300.jpg" width="175"/></a><figcaption>Greg Satell, auteur, conférencier, conseiller en innovation</figcaption></figure>
<em>Voici le dernier volet d’une série en deux parties consacrée à l’innovation, mettant en vedette Greg Satell, l’auteur des livres <a href="https://www.amazon.com/Mapping-Innovation-Playbook-Navigating-Disruptive/dp/1259862259/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&linkCode=sl1&tag=digitont-20&linkId=196b1e4488b4002951de269e5a41848c" rel="noopener" target="_blank">Mapping Innovation</a> et <a href="https://amzn.to/2PB6Fym" rel="noopener" target="_blank">Cascades: How to Create a Movement that Drives Transformational Change</a>, ce dernier publié par McGraw-Hill en avril 2019. Vous pouvez en apprendre davantage sur Greg Satell sur son site Internet (<a href="https://www.gregsatell.com/" rel="noopener" target="_blank">GregSatell.com</a>) et le suivre sur Twitter (<a href="https://twitter.com/Digitaltonto/" rel="noopener" target="_blank">@DigitalTonto</a>). Retrouvez la 1re partie <a href="https://www.appian.com/blog-fr/beyond-digital-doom-exploring-the-future-of-innovation/">ici</a>.</em>
À une époque où les attentes des clients ne cessent d’évoluer, ne pas adopter la bonne approche envers l’innovation peut s’avérer fatal. Nous parlons de l’approche conventionnelle basée sur l’écoute des clients, l’investissement dans l’amélioration continue et le suivi du résultat net. Le danger est que si les conditions du marché changent, vous finissez par vous améliorer sans cesse dans des domaines dont les clients ne veulent plus.
C’est à ce moment-là qu’il est temps de repenser votre modèle économique, et non votre produit.
C’est ce que déclare Greg Satell :
« De nombreuses entreprises se retrouvent coincées, car elles s’enferment toutes seules dans une seule et même stratégie. Elles trouvent quelque chose qui fonctionne et se disent que c’est la meilleure façon d’innover, puis finissent par appliquer la même solution à tous les problèmes. Cela ne peut que mal se terminer. »
<blockquote>« C’est ce qui explique pourquoi des entreprises autrefois reconnues comme étant très innovantes se retrouvent aujourd’hui à la traîne. Elles s’accrochent à l’idée qu’elles ont d’être une entreprise à part. Et elles perdent de leur pertinence. »</blockquote>
Il vaut mieux adapter les solutions aux problèmes, et non l’inverse.
Ce qui est une excellente introduction au dernier épisode de notre entretien en 2 parties avec le conseiller en innovation Greg Satell.
Nous espérons que vous apprécierez cet échange.
<strong>Appian</strong> : Je voudrais aborder un autre sujet et parler de l’argument que vous avez avancé selon lequel il est temps de penser davantage aux grands défis à relever qu’aux hackathons. Que voulez-vous dire par là ?
<strong>Satell :</strong> Oui, je parlais de la nouvelle ère d’innovation. Nous lions l’innovation à l’agilité et à la technologie numérique. Et c’est en grande partie parce que nous comprenons vraiment très bien la technologie numérique. Et nous nous sommes habitués à l’idée selon laquelle nous allons obtenir tous les deux ans une nouvelle puce électronique deux fois plus puissante que la précédente.
<strong>Appian :</strong> C’était comme de l’innovation sans investissement.
<strong>Satell :</strong> Et c’est comme si la valeur s’était transposée au front-end, aux éléments tels que l’interface utilisateur et le design. Pensez à l’iPod et à l’idée qu’a eue Steve Job de mettre un millier de chansons dans votre poche.
Le fabricant de la technologie derrière l’iPod a gagné de l’argent, mais ce n’est rien comparé à ce qu’a gagné Apple avec l’iPod. Sur les 20 ou 30 dernières années, une grande partie de cette valeur est partie dans le front-end. Mais aujourd’hui, c’est la fin. C’est la fin de la loi de Moore. La question à se poser est donc la suivante : « Que faire lorsque cela arrive ? »
https://twitter.com/Digitaltonto/status/1097108927781720065
<h2>L’informatique post-numérique : à l’aube du changement</h2>
<strong>Appian :</strong> Que va-t-il alors se passer ? Et comment en profiter ?
<strong>Satell :</strong> Nous devons proposer de nouvelles technologies fondamentales. Et il existe un grand nombre de technologies candidates, notamment l’informatique quantique et les puces neuromorphiques. Mais elles ne fonctionnent pas du tout comme les anciennes puces électroniques. Ce qui va entraîner certains problèmes.
<strong>Appian :</strong> L’informatique quantique n’appartient-elle pas à un futur plus éloigné ? Ou est-ce quelque chose que nous devons envisager dès aujourd’hui ?
<strong>Satell : </strong>Certaines personnes utilisent déjà des ordinateurs quantiques et nous savons que ces derniers peuvent s’avérer très utiles pour certains domaines, notamment pour simuler des systèmes physiques. Cette technologie ne sera pas rentable avant au moins cinq ans.
<blockquote>Mais dans cinq ans, les entreprises qui ne se seront pas préparées à l’ère de l’informatique quantique feront face à un vrai problème, car elles ne sauront pas tirer parti de cette technologie.</blockquote>
https://youtu.be/P6efzdeS734
<h2>Oublions l’idée d’aller vite et explorons de nouveaux horizons</h2>
<strong>Appian :</strong> Ce qui nous ramène à votre argument selon lequel il est temps de se préparer à l’après-numérique. Qu’est-ce que cela signifie pour les chefs d’entreprise ?
<strong>Satell :</strong>
<blockquote>Cela signifie que nous avons passé les dernières décennies à apprendre à aller vite. Dans les prochaines décennies, nous allons devoir réapprendre à aller lentement.</blockquote>
Vous ne pouvez pas itérer rapidement un ordinateur quantique. Vous ne pouvez pas itérer rapidement un nouveau matériau révolutionnaire destiné aux panneaux solaires. Et vous ne pouvez pas itérer rapidement un remède contre le cancer.
Une des organisations avec lesquelles j’ai pu discuter est le JCESR (Joint Center for Energy Storage Research) de l’Argonne National Laboratory. Il s’agit d’un consortium de cinq laboratoires nationaux, d’universités de recherche et d’un réseau comptant plus de 100 entreprises du secteur privé.
<strong>Appian</strong> : Et de quoi avez-vous parlé avec le JCESR ?
<strong>Satell :</strong> Il s’est donné pour mission d’identifier la chimie des batteries du futur. Il était censé montrer un prototype pour le réseau électrique et un autre pour les appareils et voitures. Parce que quand on y réfléchit, cela paraît insensé que nous utilisions le lithium-ion pour ces deux applications.
<blockquote>D’ailleurs, le lithium-ion présente le même problème que la loi de Moore. Cette technologie atteint également ses limites sur le plan théorique.</blockquote>
Pas exactement aussi vite que la loi de Moore, car il lui reste peut-être cinq à dix ans.
Le JCESR n’a pas seulement identifié un procédé chimique pour chaque application. Il en a identifié deux pour chacune d’entre elles. Nous connaissons désormais les procédés chimiques viables pour la prochaine génération de batteries. Et nous savons ce qu’il faut faire pour qu’ils fonctionnent. Le seul problème est que les matériaux n’existent pas encore.
<h2>Science des matériaux : l’amorce d’une révolution</h2>
<strong>Appian :</strong> Il ne semble pas y avoir de solution à ce problème.
<strong>Satell :</strong> Mais ce problème est bien moins important qu’autrefois.
<blockquote>Je pense que la science des matériaux sera la technologie la plus importante de la prochaine décennie.</blockquote>
Nous avons commencé à constituer les génomes de ces matériaux et nous utilisons des superordinateurs à hautes performances pour le faire plus rapidement qu’avant.
https://youtu.be/LjcPWmJjfD4
<strong>Appian :</strong> Quels avantages y a-t-il à accélérer notre pratique de la science des matériaux ?
<strong>Satell :</strong> Généralement, vous commencez par les propriétés que vous voulez, puis vous remontez aux structures et processus servant à obtenir ces propriétés. Prenons le cas du 787 Dreamliner, le nouvel avion de Boeing. Il ressemble beaucoup au 777, son prédécesseur, mais il est 20 % plus léger et consomme 20 % de carburant en moins.
<blockquote>Ce genre d’innovation apporte de grands avantages sur le plan économique et environnemental lorsque vous l’exploitez sur l’ensemble du marché mondial de l’aviation.</blockquote>
<strong>Appian :</strong> Vous avez dit que nous utilisions des superordinateurs pour créer des génomes de matériaux. Quel en est l’intérêt ?
<strong>Satell :</strong> Le problème des matériaux traditionnels est que vous passez beaucoup de temps à étudier toutes les possibilités du matériau et à les tester tant que vous n’avez pas trouvé une amélioration.
Mais grâce aux simulations par ordinateur, vous pouvez partir d’un millier de possibilités et les réduire à seulement 40 ou 50. Vous pouvez éliminer plus de 90 % des possibilités et résoudre le problème avec une rapidité étonnante.
https://twitter.com/Digitaltonto/status/1102194841230954497
<strong>Appian :</strong> Nous avons donc un aperçu de la révolution qui se profile dans la science des matériaux. Mais combien de temps faudra-t-il encore attendre avant de voir ce genre d’innovation se produire ?
<strong>Satell :</strong> Les experts en matériaux avec lesquels je discute m’ont dit que le développement des matériaux sera 10 fois plus important dans les dix prochaines années. Ce qui aura de nombreuses répercussions sur le plan économique.
<blockquote>Les entreprises dépensent des centaines de millions de dollars dans la recherche sur les matériaux. Si vous arrivez à accélérer le processus (de la découverte), vous pouvez créer un modèle économique totalement nouveau.</blockquote>
<h2>L’évolution étonnante de la biologie de synthèse</h2>
<strong>Appian :</strong> Vous avez également écrit sur la génomique et l’essor de la biologie de synthèse.
<strong>Satell :</strong> La découverte de CRISPR en 2012 (un outil d’édition génomique) représente un bond en avant dans notre capacité à faire du génie génétique.
<blockquote>Je n’ai jamais vu ailleurs un tel investissement se produire aussi vite qu’avec le CRISPR, jamais. Cet outil a été découvert il y a peut-être cinq ans. Et l’édition génomique est déjà des millions de fois plus précises qu’auparavant.</blockquote>
Les investisseurs doivent investir au plus vite dessus (CRISPR). Nous avons déjà des médicaments à l’essai.
<strong>Appian :</strong> Changeons de sujet. Qu’en est-il de l’intégration de l’IA ? On la voit partout aujourd’hui. Où rangez-vous l’évolution de l’IA parmi vos tendances révolutionnaires ?
<strong>Satell :</strong> L’IA est une autre technologie à surveiller. Mais l’IA n’est pas nécessairement une technologie numérique. Les puces neuromorphiques sont très bien adaptées à l’IA. Les ordinateurs quantiques joueront un rôle important dans l’exécution et la formation des algorithmes dédiés à l’IA, et ce en raison de la capacité de l’informatique quantique à gérer la complexité.
https://twitter.com/Digitaltonto/status/1096742457163825152
<h2>L’automatisation : une incidence positive sur le travail humain</h2>
<strong>Appian :</strong> Quand on voit tout le battage médiatique autour de l’IA, que pensez-vous du débat sur la question de savoir si l’IA aura une incidence positive ou négative sur la société ?
<strong>Satell :</strong>
<blockquote>Vous voulez dire que les robots vont prendre nos emplois ? Aucun de ceux ayant vraiment étudié la question ne le pense. Aucun de ceux ayant sérieusement étudié la question n’y croit.</blockquote>
<strong>Appian :</strong> Mais il y a d’innombrables prédictions sombres et dystopiques sur l’apocalypse engendrée par l’IA. C’est partout sur Internet.
<strong>Satell :</strong> Tout d’abord, il suffit de regarder les chiffres. Des applications d’IA et de robotique existent depuis environ 2011. Et depuis, nous sommes passés d’une situation de chômage à une situation de pénurie de main-d’œuvre. Demandez à n’importe quel chef d’entreprise, notamment dans le secteur manufacturier qui est le plus facilement automatisé, et vous découvrirez que c’est là où la pénurie de main-d’œuvre est la plus criante.
Rien n’indique que l’essor de l’IA aura une incidence négative sur le travail humain. Tout d’abord, l’automatisation ne remplace pas des emplois, mais des tâches. Et chaque fois que vous automatisez un processus, vous le banalisez également dans une certaine mesure. La valeur est donc transférée vers une autre partie de l’organisation.
<blockquote>Lorsque vous automatisez une tâche, cela retire en quelque sorte sa valeur. Mais cela oblige également à créer de la valeur ailleurs.</blockquote>
<strong>Appian :</strong> L’automatisation intelligente est une tendance à la mode en ce moment. KPMG a récemment publié une <a href="https://advisory.kpmg.us/content/advisory/en/index/articles/2018/new-study-findings-read-ready-set-fail.html?utm_source=forbes&utm_medium=content&mid=m-00002211&utm_content=readysetfail&utm_campaign=c-00061249&cid=c-00061249">étude</a> indiquant que près de la moitié des entreprises prévoient d’utiliser une certaine forme d’automatisation intelligente à grande échelle au cours de ces trois prochaines années. Est-ce ainsi que les entreprises se feront concurrence à l’avenir ? Le cas échéant, quelles entreprises tireront profit de l’automatisation selon vous ?
<strong>Satell :</strong> Si vous voulez comprendre la valeur de l’automatisation, il vous suffit d’aller dans un magasin Apple, qui est l’une des expériences de vente au détail les plus automatisées que vous ne pouvez imaginer. Lorsque vous entrez dans un magasin Apple, vous voyez une marée de t-shirts bleus. Car la fonction d’un magasin de détail n’est plus de générer des transactions. Mais de faire tout ce qu’il n’est pas possible de faire sur Internet. Conseils, vente croisée, services, formations : tout ce que vous ne pouvez pas obtenir en ligne.
https://twitter.com/Digitaltonto/status/1092062568775061504
<h2>Le problème de l’éthique de l’IA</h2>
<strong>Appian :</strong> Pour terminer, parlons d’un autre sujet d’actualité : les implications éthiques de l’IA et de l’automatisation intelligente.
<strong>Satell :</strong> En effet, c’est un réel problème. C’est un vrai gros problème. J’ai écrit sur ce sujet dans la revue Harvard Business Review il y a quelques années. J’ai participé à une conférence universitaire organisée par IBM et tout le monde s’accordait à dire que nous faisions face à un sérieux problème.
En réalité, il n’y a pas qu’un seul problème éthique, mais plusieurs.
<strong>Appian </strong>: Comment décririez-vous alors ces problèmes éthiques ?
<strong>Satell :</strong> Vous avez les trucs de base (science-fiction) comme les machines qui veulent conquérir le monde et Skynet (un système d’IA fictif qui cherche à éliminer l’humanité). Et vous avez d’autres problèmes philosophiques idéals pour les discussions lors des soirées cocktail.
<blockquote>Cependant, les problèmes liés à l’IA deviennent réels. Si vous intégrez une IA dans une voiture, celle-ci devra tôt ou tard décider entre sauver un piéton ou sauver le conducteur.</blockquote>
<strong>Appian :</strong> De nombreuses voix se sont élevées pour crier l’urgence de traiter le problème des biais de l’IA. Que pensez-vous de cet argument ?
<strong>Satell :</strong> Le terme technique pour cela est biais dans le corpus d’apprentissage. Il s’agit d’un vrai problème. Vous avez des enfants ?
<strong>Appian :</strong> Oui.
https://twitter.com/Digitaltonto/status/1089512692627488770
<strong>Satell :</strong> Lorsqu’ils étaient petits, vous vous souciez de ce qu’ils apprenaient à l’école, de leurs fréquentations et des programmes TV qu’ils regardaient, car vous vous souciez de ce qui influençait leur apprentissage.
<blockquote>La question à se poser est donc la suivante : À quelles influences nos algorithmes sont-ils exposés ? Qui surveille cela ?</blockquote>
Microsoft Tay en est un exemple classique. Ils ont mis un bot (robot de conversation) sur Twitter. Et en moins de 24 heures, il a été exposé à des trolls de Twitter qui lui ont fait répéter des informations fausses sectaires et misogynes.
Encore plus subtile que cela, il y a un excellent livre de Cathy O’Neal intitulé « Weapons of Math Destruction » dans lequel l’auteure explique que nous ne savons pas comment ces algorithmes sont mis au point.
<b>Appian : </b>Et ces derniers touchent déjà presque tous les aspects de notre vie.
<strong>Satell :</strong> Tout à fait, ils décident des individus exposés au marketing agressif, de ceux qui obtiennent un emploi, de ceux qui vont en prison, de ceux qui bénéficient d’une libération conditionnelle, de ceux qui obtiennent un prêt hypothécaire.
<blockquote>C’est pourquoi la question éthique est un problème majeur. Les grandes entreprises technologiques semblent essayer de prendre de l’avance.</blockquote>
Lorsque j’ai écrit sur l’IA et l’éthique il y a deux ans, elles préparaient le partenariat <a href="https://www.partnershiponai.org/partners/">The Partnership for AI</a> en vue d’établir des normes d’éthique pour l’IA.
Tout le monde se soucie des personnes qui influencent nos enfants. Mais nous devrions également nous soucier des personnes qui participent à l’apprentissage de nos algorithmes.
Appian est un éditeur de logiciels spécialisé dans l’automatisation des processus métiers. La Plateforme Appian comprend tout ce dont vous avez besoin pour concevoir, automatiser et optimiser les processus, même les plus complexes, de la première à la dernière étape. Les organisations les plus innovantes au monde font confiance à Appian pour améliorer leur workflows, unifier les données et optimiser les opérations, ce qui favorise la croissance et améliore les expériences client.